Quatuor avec flûte

On dit que Mozart détestait la flûte, on en doute à l’écoute des deux quatuors au programme de ce concert. Le premier, le Quatuor K 285 en ré est le fruit d’une commande d’un gentilhomme hollandais reçue par Mozart fin 1777 alors qu’il était à Mannheim. Si cette élégante partition réunit tous les suffrages, ce n’est que justice car c’est un pur joyau de l’art galant, rehaussé par un moment d’exception, son bref adagio avec pizzicato des cordes dans lequel Alfred Einstein voit « une page de la plus exquise mélancolie, peut-être le plus beau solo avec accompagnement jamais écrit pour la flûte. » Le suivant, le Quatuor K 285b en ut majeur, date de la première année de Mozart à Vienne. Nettement plus tardif, il se limite à deux mouvements, dont le sublime finale qui constitue un premier état du thème de la fameuse sérénade Gran Partita pour treize instruments à vent. Quelques années plus tard, dans son Trio à cordes D 471, Schubert influencé par son illustre prédécesseur donne à entendre cette grâce toute mozartienne. D’un lyrisme tranquille, cette partition est restée inachevée puisqu’on ne dispose que de l’allegro initial et d’une ébauche du second mouvement. Dans le Trio à cordes, op. 3, Beethoven semble également avoir modelé ses six mouvements sur le Divertimento, K. 563 de Mozart, mais ne nous y trompons pas, la partition fait déjà preuve de cette authentique puissance beethovénienne : Un pur chef-d’œuvre d’une richesse mélodique inégalable.